lundi, 24 mars 2008
TISSAGE MARITIME
Des sirènes tissent les mers de corail de coquillages de soie et de poissons de satin, élaborant doucement des franges d'écume pour en décorer les rivages perplexes et les plages au grain de plomb. Le tissage est affaire de folie raisonnée ou de raison amoureuse, au choix de la tisseuse qui pleure des larmes d'opaline chargées d'encres voluptueuses et de parfums incendiaires. Ses doigts habiles malaxent la chair des étoiles pour en tirer de la semence de labour et dessiner sur les fronts de mer des crépuscules venimeux ou des aurores impalpables, des vésicules langoureuses ou des fleurs de mystère, des cratères en forme de losanges épileptiques ou de convexités redoutables. Loin de filer la laine dans un bas de soie qui contient des louis, les chants s'évaporent en gaspillage sans scrupule, en aromates de tranquille effervescence, en myriades de coléoptères insouciants. Au coeur du bruissement du delta, le passant lambda reconnaît l'alpha et l'omega des sources du pétrole dans le sein lacté de ces marées noires à l'arôme non carbonifère qui pétille de malice pour les enduits de cerumen et frétille tel un dauphin dans les queues d'ellipses du petit matin.
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