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samedi, 29 mars 2008

CAR CRASH FANTASY

Caracolent les gunners sur leurs Mustangs rouges, apocalypse pour un massacre, El Alamo à chaque carrefour, El Alamein sur les tranchées oblongues du désert blanc. Les légendes urbaines se construisent telles des fleurs sur des bidonvilles, la sève de pyroglobine alimentant les extases issues des terrils de faïence, des maracas répondant aux congas dans les symphonies muettes des tambours du Queens. Guerre des gangs dans la ville des anges, des rails de cocaïne jouent au Pony Express comme des tambours arabes sur la dune du Pyla, feux de joie incandescente, amers bordant des rivages vikings sur lesquels Freyja indique le chemin de la vingt quatrième rune, cimeterres andalous portant des damasquins évanescents sur les tatouages de henné. Une Corvette Sting Ray cadre les paysages empourprés dans les faisceaux lasers qui gyroscopisent son aménagement intérieur, un tête-à-queue virevolte le long d'une piste de ski argentée tandis que s'envenime le wheel burning d'une Dodge Viper qui éclabousse de ses embruns incendiaires la meute des Lamborghinis Diablo dans un froufrou de spoiler aux arômes de cobalt.

Commentaires

DU LYCÉE MONTAIGNE À L’AVENUE MONTAIGNE

Entre l’un et l’autre, je vous laisse deviner où j’ai le plus traîné mon cul. Le tuning est en tête des ventes, fait d’illusions tapageuses en Dolby et d’idioties bon marché pour les cerveaux discount. Une poubelle avec un coffre d’or reste une poubelle, voilà la logique d’une Aston Martin qu’on voit passer Avenue Montaigne d’un conducteur fumant un Montecristo, nous convainquant que le fric est le seul moyen efficace de dire à la société que « je vous emmerde ». Les pauvres ont leur pensée pour tenter de formaliser cette arrogance, mais le fric qui se déverse chez Valentino ou Vuitton est plus efficace. Les riches puent et les pauvres aussi : la différence entre ces deux puanteurs est l’odeur. L’une masque celle de l’autre quand il se retrouve face-à-face devant la boutique Renault, l’un pour acheter, l’autre pour regarder ce qu’il ne fera jamais, sauf dans le boui-boui automobile de son quartier à la solde des japonais. Comment la mondialisation de la crétinité a pu nous convaincre d’acheter des automobiles aux moteurs bridés et non les marques phares de notre économie. Achetons français ! Et ce n’est pas un manque d’ouverture. Un bon produit français vaut mieux qu’un meilleur produit étranger. Oui, les misères sociales obéissent à un cercle vicieux (qui n’est pas une bague de chez Van Cleef) et l’on voit toute l’économie en pâtir. Le massacre est celui de cette déstructuration et de cet éclatement de la société française, qui devient une nouvelle société monde, fi de l’exception française où c’est Diderot qui rejoignait D’Alembert au Flore et non un arabe exporté et un pute des quartiers de luxe, ou une mère et sa fille, toutes deux suffisamment éduquées pour cabotiner dans le VIIIème où elles achètent par porteurs les sacs Gucci et Dolce de leur existence bien remplie. Mais l’Avenue Montaigne est tout de même une somptuosité où les buissons cachent le fric qui est thésaurisé pour les jours à l’étranger. Je n’ai qu’un regard sur le Plaza Athénée… Même le regard est payant, quand vous regardez les chasseurs s’emmêler les clés des caisses garées sur trois rangées pour une triple file. L’une pour les berlines françaises et les 4x4 de luxe, la seconde pour les Porsche en cascade et la troisième pour les CLK qui s’enfilent comme des perles et c’est avec un œil de clodo envieux que je file vers le pont de l’Alma revivre avec plaisir le sort de nos tragédies. Inutile d’avoir un costume Armani ou un bustier Chanel pour finir carbonisés à peine désincarcérés de la Mercos fumante. Les légendes urbaines vont au MacDo et s’imaginent bouffer au Meurice, d’un burger payé avec sa carte de visite. Des fois, le jaloux ne parvient pas à abstraire la réalité pour faire une poésie le refuge de sa sagesse. Mea culpa. Quand une Corvette me passe sous le nez, son gaz d’échappement ne monte pas à l’empyrée, je ne la regarde pas comme une fresque de Michel-Ange. La culture appartient à tous, ce tous qui a choisi de s’en écarter, mais le fric appartient à ceux qui le détiennent. Culture ou fric ? Opposition permanente entre l’un qui est intrinsèquement démocratique et l’autre qui est de fait inégalitaire. La nature, qui n’est pas une appropriation possible, devient la condition même de poétiser la vie, puisque le riche ne possèdera jamais son essence, qu’il est occupé à faire couler dans un vieux V8.

Écrit par : pseudonymes1 | samedi, 29 mars 2008

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