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mardi, 04 avril 2006

PIERRE JEAN JOUVE (1887-1976)

Le cerf naît de l'action la plus claire
De l'inhumanité trouvée avec sa détresse
De l'extrême chaleur au flanc des icebergs
Et du torrent remontant le cours de ses pierres

Le cerf naît de l'humus le plus bas
De soi, du plaisir de tuer le père
Et du larcin érotique avec la soeur
Des lauriers et des fécales amours

Le cerf apparaît dans les villes
Entre des comptoirs et ruisseaux
Méconnaissable sous la lampe de mercure
Quand le ciel, le ciel même prépare la guerre

(extrait de sueur de sang, 1933)

PHENIX

Comme les vraies saisons sont lentes et comme les montagnes sont arides
Comme les hommes sont présents sans sentir le flot de leur coeur
Comme les vagues de la mer meurent les unes dans les autres pour produire une lueur à la crête des plus avides,
Le poète écoute le Temps qui inscrit très près de son coeur les traits d'une plume de fer.

Ce n'est point votre ouragan, mortels enrichis de moteurs,
Ce n'est pas votre angoisse vide à la recherche du soleil différent d'une autre terre
Ni vos discours sans verbe ni vos moribondes chaleurs
Qu'il sent dans le mouvement des nuits raccourcissant son erre.

C'est ce qui le porte vivant à traverser au dernier jour une eau calme et souterraine
Et ce qui fleurira les arbres et dès après son départ poussera plus follement la harpe énorme des vents
Ce qui soulèvera d'amour la vaste poitrine du sol quand l'étoile bleue de la mort apparaîtra sur la plaine,
Tout ce qui toujours pensera, miroir concave du firmament.

(extrait de lyrique, 1956)

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