jeudi, 06 avril 2006
LA CONDITION HUMAINE
En vain l'on a obtenu une naissance humaine
Nombreux sont ceux qui ont droit sur ce corps
Le père et la mère disent:"C'est notre enfant",
C'est pour leur propre avantage qu'ils l'ont nourri
L'épouse dit:"C'est mon mari!",
Et, telle une tigresse, elle s'apprête à le dévorer...
Femme et enfants le fixent avidement,
Comme des chacals, la gueule ouverte!
Corbeaux et vautours attendent sa mort,
Cochons et chiens guettent son cadavre...
Le feu dit:"C'est moi qui dévorerai ce corps",
L'eau dit:"C'est moi qui éteindrai le feu!"
La terre dit:"C'est à moi qu'il reviendra",
Le vent dit:"C'est moi qui disperserai ses cendres..."
Cette maison que tu appelles ta maison, pauvre sot,
C'est l'étau qui te serre à la gorge!
Tu as considéré ce corps comme tien,
Et tu t'es égaré dans l'attachement aux biens sensibles,
O insensé!
Nombreux sont les ayants droits à ce corps,
toute ta vie, tu en pâtis,
Et tu ne reprends pas tes esprits, fou que tu es,
et tu cries:" c'est à moi, à moi!"
KABIR (1440-1518)
13:31 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
Reprendre ses esprits? Qui donc pour reprendre ses esprits?
Et pourquoi pas se laisser couler dans cette condition humaine?
Écrit par : Ruth | jeudi, 06 avril 2006
et qui donc pose cette question?...
Écrit par : gmc | jeudi, 06 avril 2006
Moi! :-)
Le but de nos questions est d'abord de poser le "moi"!
Écrit par : Ruth | vendredi, 07 avril 2006
mais, ruth, "moi" n'est qu'une projection mentale construite autour de "je suis ce corps"; une fois ceci compris et intégré, il n'y a plus rien à comprendre, il suffit d'être disponible, c'est tout (généralement, l'acceptation de ce fait entraîne une désaffection vis-à-vis de l'environnement "habituel", une sorte de "je m'en foutisme" aigu). quand l'intérêt de "moi" n'est pas considéré comme différent de l'intérêt de "toi" ou de "tout autre", les choses s'effectuent comme elles doivent s'effectuer, quelles que soient leur forme et nature.
Écrit par : gmc | vendredi, 07 avril 2006
Oui, "moi" n'est qu'une projection mentale construite autour de "je suis ce corps". Comment se fait la projection? Il y a une image mentale et ensuite des pensées, paroles, actions qui "posent" le moi selon cette image, qui nourrissent cette image. C'était le sens de ma réponse.
Tu as raison de parler de compréhension et d'intégration, l'intégration, dur, dur!
Pourquoi cette restriction? "Les choses s'effectuent comme elles doivent s'effectuer, quelles que soient leur forme et nature"... et de toute façon!
Écrit par : Ruth | vendredi, 07 avril 2006
tout est construit par le mental; il y a un très joli passage dans la genèse là-dessus (si tu as une bible chez toi):
tu es née abraham, avec l'aide ta servante agar (egyptienne, partie de toi représentative de la richesse et de la corruption liée à un pseudo monde extérieur), tu as créé un fils, ismael, un onagre à la face des siens (onagre = animal stérile), tu es ismael, apppelé ailleurs ego.
avec l'aide de la grâce ou de dieu, tu donneras naissance à isaac, l'homme accompli que tu seras.
la pensée "je" (ou ismael ou ego) naît chez l'enfant vers deux ans- deux ans et demi (avant cela l'enfant n'emploie pas de sujet ou son prénom comme sujet, du style "veux" ou "machin veut"), elle se cristallise autour de l'idée "je suis ce corps", et voilà lancé l'ego dans sa course.
pour sortir de cela, il convient d'invalider cette pensée (c'est le boulot) et d'être disponible au flux de la vie, d'abandonner les délires du type libre-arbitre et autres. par exemple: "j'ai faim" se transforme en "ce corps a besoin de calories", etc.
se séparer de "je suis ce corps" et de "je pense" , revenir à l'enfant naturel qui se "voit" à la troisième personne.
pourquoi la restriction: très simple, tous les actes sont effectués en fonction de l'intérêt et du point de vue de ce "moi" illusoire, donc en quelque sorte en fonction de l'intérêt d'une projection mentale dépourvue de substance propre (grosso modo, ce genre d'activité consiste à croire qu'un fétu de paille peut arrêter le courant d'une rivière, donc si le fétu de paille se retrouve projeté contre des rochers, il n'a pas à aller se plaindre du comportement des rochers ni de celui de la rivière, non?); une fois le problème en voie d'élimination, on se retrouve avec "il y a quelqu'un et il n'y a personne" (rimbaud) mais ça n'est pas schizo du tout, c'est là en fait que les actes prennent une tournure qui, parfois, peut paraître inattendue (du style comment un gars d'une quarantaine d'années sans aucun bakground littéraire se met à pondre plus de 600 textes en 6 mois, comment un gus énervé par la réception de 3 ou 4 textes lui ouvre un blog pour s'en débarrasser, etc..etc..tu vois tout advient tout seul en fait, même si des actes adviennent, plus d'ego pour s'en prétendre l'auteur)
Écrit par : gmc | samedi, 08 avril 2006
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