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vendredi, 21 mars 2008

STUDIO LINE

Dans les studios du jasmin
L'opéra sent le savon
A la myrtille et au cumin
Les tapisseries s'agitent
Sous la caresse du vent
Les éclairages se tamisent à souhait
Dans les ondulations de la volupté
Caressant les hanches généreuses
D'un sein qui darde un oeil
Hors d'un corsage échancré

ULTIMATE INTIMATE

L'intimité est universelle
Dans l'ouverture intégrale
Aux flots d'arc-en-ciel

Hors de cela
Elle n'est qu'un bunker
Empli de prétentions létales
D'égoïsmes sans respect
Et d'hypocrisies mensongères

Mille regards créent la couleur
Mille oreilles reçoivent le son
Aucun fragment ne s'isole

RESUME DE LA PHILOSOPHIE

Ce qu'on appelle penser
Est un isthme
L'acheminement vers la parole
Du principe de raison
Question d'introduction
Au problème de la métaphysique
Etre et temps
Insignifiant les concepts
Dans les fondamentaux
De la phénoménologie
Chemins qui ne mènent nulle part
Ailleurs qu'ici

EN APPROCHE

La mer se caresse doucement
Dans son flacon d'arc-en-ciel
Les dilatations pourpres creusent
Ses côtes dévergondées
D'une haleine vibratile
Elle lèche les muqueuses
De son ventre fécond
Au centre duquel brille
Une impulsion d'étincelle
Irradiante plaie aux effluves de brûlure

jeudi, 20 mars 2008

OKINAWA REMIX

Sur des rythmiques métalliques marchent les nouvelles vestales des champs de l'atrocité, perles de tempête aux dents cariées par le givre des trafics suburbains, griffes opalescentes du sang des plaies qu'elles égorgent sur les chemins pavés de diamants hallucinogènes, yeux décharnés par les rails de cristal pourpre qui les transpercent. Gore & Hardcore sont les plus brillants crucifix des temps du merchandising à outrance; pétrodollars au poignet, les bountykillers jivaros saturent les ondes des mélodies de tronçonneuses aéroportées, développant des tapis d'infrabasses injectées d'images détournées des confins d'apoplexie. Un tonnerre de cavaliers sombres passe dans un bruissement d'encens à l'arôme d'outrage écervelé tandis que des lions bleus investissent les capitaux du marché noir des bontés stupéfiantes. Des tatouages plein les yeux, des centuries de scorpions verts glissent sur le revêtement poreux des pastels de crotale, déversant le venin insécuritaire dans les canaux de diffusion des obsolescences vidéos tandis que vingt phalanges de faunes lobotomisés déposent leurs auxiliaires félins, des panthères mutantes aux crocs jasminés, dans les soutes phosphorescentes des places boursières stratégiques. De minuit à midi, c'est le temps de la valse. De midi à minuit, c'est la valse du temps. Un coup d'oeil sur les profondeurs, un cil soupire quand passe l'étincelle du pot aux roses, une mèche courte pour un éclair d'apocalypse.

NOUVEAUX MANUSCRITS

La nouvelle bibliothèque
Comporte exclusivement
Des livres en forme oblongue
De pyramide hélicoïdale
Chaque page est en peau de zèbre
Et la reliure aquatique
Porte sur son derme de fleur
Un damasquin d'évanescence
Tatoué de clous de girofle
En opaline radioactive

CINEMA AFRICAIN

Dans les turlupinades amusées
Des légions congolaises
S'éveillent des sourcils atrophiés
Comme autant de fourmis vertes
Pilées à l'ammoniaque de combat
Pour édulcorer la saveur des moignons
Dans les décoctions délabrées
Dont la germination laisse augurer
L'apparition tanzanienne
Des cataplasmes en technicolor

PARENTE A PLAISANTERIE

Les masques sont de plume
Et les papilles d'encre
Dans le cancer érotique
Dont la bave astringente
Enucle les chevaux de bois
Du carrousel de la Mer Morte
Et dans la poussière de diamant
Leurs chevauchées instantanées
Sont autant de siestes accroupies
Qui meublent les mouvements
D'un cataclysme inopiné et velu
Sur un sarment d'écaille nue

ORCHESTRE ET PARTITIONS

Le juste est un fardeau universel
Personne sur cette terre
Qui ne soit autre que juste
Quoi qu'en disent les discours
Des bien-pensances sclérosées
Dans leurs confits de vanités

S'incendie le brasier
Où l'étincelle n'est qu'un prétexte
A dépouiller les revêtements poreux
Et les murs de vent des sérieux
Les allumés s'en tapent le cocotier
Ils givrent sur la flamme

FLIP FLAP

La voix d'un tatouage
Peut-elle mentir au silence
Qui environne ses mouvements
D'un nonchalant sourire
Et d'une pluie carnassière
Sachant que tous les mensonges
Ne sont qu'alternatives peroxydées
Variantes distrayantes de la vérité
Et qu'il n'est qu'une seule raison
A l'usage des freins ou de la marche arrière

FLUTE AU BEC

Le jour est arc-en-ciel
Comme la nuit est verte
Sans souci de sembler
Autre que le parfum
Que mangent les oiseaux de beurre
Dans les bras ardents du givre
Qui verglace les patinoires
Verticales des sillons embrumées
Pour planter des oliveraies radioactives
Dans le coeur des sanguines

CHOUM

La rivière ronde éternue du venin
Pour encenser le monde
Des catacombes mouvantes
Et des culs-de-basse-fosse lumineux
Tel un gentil hurlement de douceur
Dans les vascularités véhémentes
Des sanglots amoureux bercent
Le poil retors des otaries cataleptiques
Incurvant les lignes de mire
Dans l'acquisition des volumes
Le sampling voluptueux des voyelles
Et la rythmique atonale des consonnes

CHRONOGRAPHIE SINUEUSE

Comme une trace de crocs
Sur le velours de la nuit
Un doigt de salive
Sur une liasse de dollars
Une histoire de cordonnier
En ballade touristique
Nirvana en bandoulière
Pas une balle dans la cartouchière
Des animaux étranges flottent
Au revers du mitan
Et les sourires du matin
Plissent leurs paupières amusées

MOVE AND DANCE

L'espace n'est jamais tu
Il n'est jamais moi non plus
Il est iridescence de nacre
Sur laquelle flottent des rubis
Et des jades sans souci autre
Que de faire luire la saveur
Des plaisirs solitaires
Dans les chemisiers dégrafés
De volages hirondelles
Au parfum scandaleux
Le sexe des étoiles est de velours
Des cunnilingus époustouflants
Labourent avec grâce
Le creux des reins
D'une supernova inondée
Par des torrents de foudre
Aux arômes de calices
Marqués par les emblèmes de la sédition
Dans la débauche des solstices
Opèrent les fusions d'aromates
Impudeur notoire des alizées
Dévergondées par l'argent des notables
Sans souci de respectabilité
Purs embruns d'azur multicolore
Dans la translucidité des étreintes
Qui offrent des seins gorgés de tequila
Aux pépiements assoiffés
Des légionnaires pourpres
Et des cavaliers émérites

POUR UNE POGNEE DE POEMES

Dans la radioactivité pourpre
S'élèvent des fleurs carnivores
Caressant les marbres douloureux
D'une langue à l'accent boréal
Une vague frémissante pulse
Un léger arôme sur le Saint Laurent
Qui s'enhardit d'un revers de hanche
Trois-Rivières s'éveille dans la brume
Les fougères bruissent élégamment
Sous le cristallin de rosée
Qui s'échauffe langoureusement
Les pins s'écartent sous le vent
Qui caresse les sources émues
Quelques cascades fondent vers le Sud
Vaguelettes de soie à l'émouvance
Chaleureuse qui parsème des larmes
Sur des tapis de neige affriolante
L'herbe ondule sous la caresse
D'un rayon vert printanier
Un doigt de vent en profite
Pour soulever les mantilles
Une tension s'imprime dans le souffle
Des éoliennes ouvertes au toucher
D'un satin qui se répand
En douceurs et frissons brillants
Des averses inondent quelques arpents
Chaleureuses offrandes de sucre
Qui réverbèrent l'arôme du cachemire
Dans le velours d'une robe
Un drapeau offre ses courbes
Au zéphyr qui le balaie
De ses cils sensuels
La neige entreprend de fondre
Pendant qu'une crevasse s'ébahit
De sentir le flot tumultueux
Gagner la surface de la terre
Et s'évaporer en senteurs poivrées
Pour ne laisser flotter
Qu'une fine pellicule de charme torride
Dans les entresols d'un village français

mercredi, 19 mars 2008

BLIZZARD ESTIVAL

Le métal argenté se déploie
Dans les veines du mercure
Peignant la virginité des paysages
Dans le climax d'un sourire passager

Une fugue en sol majeur
Pour bombardiers nucléaires
Dont le napalm rafraîchit les villas
Des côtes luxueuses du couchant

Le temps des aubades meurtrières
Pour les saltimbanques de la neige

GRAINE DE BEAUTE

Sans point d'inflexion
Jouit le monde des poètes
Libérant ses caresses de miel
Dans un souffle mordoré
Dont les embruns tactiles
Grisent les échancrures amusées
Comme un baiser de poudreuse
Sur les lèvres humides
D'une avalanche alanguie
Par la chaleur nocturne
Des frissons du jasmin
Qui embaument son teint

ARCHEOGRAPHIE

Tapirs ou opossums
Ecrivent sans les dents
Juste avec le bout de la langue
Qui tapisse d'agents de saveur
Les fourmis rouges
Qu'ils arrosent de fluide vert
Semence acrobate
Dont les ébats funambules
Slaloment sur les mers de corail
Qui flottent sur la plaine

MISS FAIRY

Les lutins dansent
Au pays des merveilles
Que recouvre un tapis
D'images multicolores
Ils repeignent les sourires
Sur des pavillons encombrés
Sautant de cheminée en cheminée
Dans des manteaux verts ou blancs
Suivant le temps des saisons pourpres
Que caressent leurs rires

SYMPHONIE MUETTE

Les loquets sont éloquents
Dans la flamme verte du couchant
La douceur leur sied au teint
Et les fleurs s'ouvrent
Sous la trace de leur pas
Plus la tendresse prévaut
Plus l'arôme est intense
Plus les loquets s'ouvrent
Comme une inondation florale
Sur un bouquet de senteurs

RIRE TOUJOURS

Rit de tout le luron
Qui du temps nouveau
Voit les bois mystérieux
Fleurir les oiseaux
De Guillaume à Rimbaud
Rit de tout le larron
Dont le fric-frac sans scrupule
A couvert la folie
D'un sourire incendiaire
Et d'une perle de satin

RIDEAUX VERTS SUR FENETRE OUVERTE

Tout n'est que perceptions
Moins les idées du commun
Encombrent l'esprit
Plus resplendit l'arôme
Vertigineux de la poésie
Torrent d'arc-en-ciel
Sillonnant des mers boréales
Aurore mordorée et lutine
Glissant sur le marbre bleu
Des palais vénitiens

ARBRE A PLUMES

Le ficus aime l'altitude
Et ses racines la profondeur
Ses feuilles décorent encore
Quelques enluminures
Souvenirs émus de vieux grimoires
Ses fruits laxatifs
Alimentent d'épicuriens sapajous
Qui font tinter en clair-obscur
La munificence de son plumage
Dans des chants veloutés

VIN DE GLACE

Sans faire un geste
Le vin glisse au long
Des toboggans d'arc-en-ciel
Comme une pluie d'étincelles
Arrosant la plaine
Brûlant geyser de glace
Dont les ombres nacrées
Peuplent l'infini des rêves
Dans un tsunami de frissons
Qui retombent en flocons

PRESENT HORS MEMOIRE

Toutes les langues sont inconnues
Les unes aux autres
Même quand elles partagent
Le même idiome

Il faut laisser le vent chanter
Et retranscrire ses traces
Sans personne pour s'emparer
De la mélodie du sous-sol

Ouvrir les oreilles et la bouche
Pour que l'écho resplendisse
Et que s'impriment sur la mer
Les vagues iridescentes du feu

ROYAUME DES JEUX

Gare des embruns
Les autobus flambent
Dans les casinos du hazard

Le gros cigare aux lèvres
Les joueurs se dopent
A la roulette russe

Sept balles pour un chargeur
Des jetons pour la croupière
Black Jack roule au petit train

Sur l'île au trésor
Marque noire pour la main d'or
Quinte flush dans l'isoloir
Un as de pique comme encensoir

Une couleur sur un plateau
Lumière tamisée à volonté
Vodka fraîche de bootlegger
Sur lit de glace sans quartier

LE RAFFINEMENT DES BARBELES

Le traitement de surface
A la moëlle corrosive
Ecorche les barbelés
Les évidant à l'acide
Pour leur donner
La profondeur de champ
D'un panoramique insouciant
Qu'embaume abondamment l'arôme
Arbitraire d'une tasse
De chocolat au lait

DES LUGES SUR L'ARC-EN-CIEL

Le malheur est un bonheur siamois
Séparé par une arche échouée
La moitié d'une vérité
En quelque sorte
Les nuages portent le monde
Quand l'endroit se reconstitue
Dans la neutralité arbitraire
Qui sert d'assise à la joie
De se sentir coupable
D'être simplement innocent

VIEUX CAMION

Le vent souffle en permanence
Autour du centre du monde
Les fleurs de corail
Illuminent de leurs parfums
La ronde des enchantements
Pas un bruit ne dépose
Son arôme aux pieds du matin
Des senteurs de magie blanche
Finissent d'infuser le thé
Qui se répand dans la douceur

CLARA CORSICA

Les mains de Claire
Dessine un monde
De fusain et d'aquarelle

Les épaules de Claire
Sont la douceur
Du regard qui les caresse

Claire est la nuit
Qui enlumine le jour
De ses merveilles palpitantes

D'un ruissellement d'immobilité
Surgit l'éclat du sourire
De sa beauté évanescente

Quand elle se retourne en riant
Dans une émulsion de parfum pourpre
Vers le prince de tous ses rêves

CROUPIONS

Le ressort qui permet
De disserter sur la poésie
N'est qu'un engrenage défectueux
Dont sont munies
Les riches mécaniques enivrées
Par leur propre odeur
Rance de vanité misérabiliste
Pas une capable de dire
Qui sont les soldats des traités
Pas une capable de souffler
Autre chose que des vents
Aromatisés au méthane

CANTINE POUR VIEUX BEAUX

Le fait poétique ne se trouve pas dans les discussions de salons gangrénés par les chaînes de l'érotisme cérébral, palpitations stériles qui enivrent les boites de conserve flottant sur l'écume morte et le sable insipide. Le fait poétique est un tapis volant sous les décombres d'une guerre impitoyable, une place blanche et nette sans l'ombre d'une trace autre que le parfum d'épouvante souriant d'un regard carnassier et mutin, un rayon laser stroboscopique qui démythifie les sarments d'hallucinations carcérales. Dans les bagnes universitaires, des esclaves se prenant pour des dieux tracent au charbon de bois numérique des signes de vent incompréhensibles sur les murs de leurs cavernes imbéciles, des institutions inutiles se gargarisent de leur propre idiotie, lupanars aux folles trépidantes de vanité, bourbiers dédiés à des plastrons dont ne voudrait pas le moindre travelo de passage, misères des champs funéraires où des poupées purulentes suintent le cambouis de leurs pauvres délires. Une pincée de collabos mal finis en sus et le chaudron se touille en harmoniques désuètes, vieux relents de passé aromatisés à la morue, pas de quoi fouetter une vierge jusqu'au sang, de la pâtée sans sucre, un pal de canigou sans montagne ensorcelée pour faire reluire le plasma ou les santiags d'un nouveau vintage.

PLACE DE LYON

Toutes les rues de la ville
Sont préludes à l'arrivée
Place des Terreaux
Où la fontaine trémière
Trône sous le regard impassible
De l'hôtel de ville
Les chevaux de Bartholdi
Paissent sur le pavé
Tandis qu'au soleil de givre
Resplendit la profondeur des façades

PHENICIE

Les amphores sont communicantes
Dans la soute des cargos de nuit
Moins les marins écoutent les cris
Qu'ils prennent pour des chants
Plus le silence trace sa ligne verte
En harmonie d'un contrechamp
Les cris ne sont que gouttes sélectives
Echappées d'un flamboyant concert d'embruns
Qui se défragmente dans l'écoute
Des vergues et des haubans

KHEOPS ON ICE

Le temps luit des armées d'ombre
Qui glissent sur l'asphalte froid
Des nocturnes de Chopin

Dans la musique d'un paso doble
Des tziganes lancent au vent
Des violons argentins

Les farandoles s'amenuisent
Dans des cols utérins
Et des contes à rebours

Enlacement sans toucher des duos d'atmosphère

mardi, 18 mars 2008

NINON

Rien ne vaut le feu
Pour les réveils en forme
De gueule de bois carabinée

Rien ne vaut le vent
Pour nettoyer les urnes
Après les votations

Rien ne vaut la pluie
Pour peindre le décor
Au laser translucide

Rien ne vaut la terre
Comme un arpent de lumière
Perdu dans l'omniprésence

BLOWING EASY

There's a Valkyrie in the air
Sharp knives and curare nails
Cutting hands and leading paths
Of silver ink on an emerald sea

The way of the windtalkers stands
And what is beautiful is the way

In each moment there's magic
Under words of amber
Crushing unreal ideas
Exploding worlds
Collapsing avenues
Among dark nights
Under an artificial sun

The land is still there
And not one ship left him
Only in a dream

Dream by dream
On moving scales
Inventing universes
Kissing supernova breathe

The dragon's shuffle helps warriors
On the road to White Island Airport

Where horses become silver
Then crystal
Then nothing

But love

Burning

MENDELEIEV

Sur une table ronde
Comme le carré de l'hypothénuse
Multiplié par un zéro intégral
Jaillit un pylone d'enluminure verte
Comme la chair irradiante
D'un sarment d'oxygène
L'escalator hélicoïdal et serein
Des axes fractalés
D'univers en expansion immobile
Et en floraison permanente

A LIVRE OUVERT

Pas de compte à rendre
Au vent qui porte les chants
Pas de compte à rendre
A la mer qui héberge
Les dauphins et les lyres
Pas de compte à rendre
A la pluie qui nourrit
Les alluvions du délire
Pas de compte en regardant
Le feu qui forge l'orage

FIBULE DE CUIVRE

Entre les eaux de la main
Les lignes d'aventure flottent
Gaiement sur le revers du mitan

Des parfums de nuage peuplent
Le sentier des mangues
Et les chemins de pluie

Un temps de mi-saison
Luit dans les phosphorescences
Comme la glisse d'une lame
Surfant sur l'automne

CHANT DE MARCHE POUR L'ARMEE NOIRE

L'armée noire est debout
Dans le creux des genoux
Armée de santiags et de boots
Armée de marteaux et de cloux

Oyez, oyez, embourbées dans le cérébral
L'armée noire a des poupées subliminales

L'armée noire est divin
Allumée à grands coups de brodequins
C'est la super bobonne à Pennequin
Du ratafia plein ses gros seins

Oyez, oyez, hallucinées du carcéral
L'armée noire a des jouets en pagaille

L'armée noire mange des vers
Constipée comme les solitaires
Dans les diarrhées de l'enfer
Elle répand sa semence de charnière

Oyez, oyez, carbonisées au minéral
L'armée noire scalpe tous les chandails

Hé toi, branleur qui veut rêver
L'armée noire cherche des allumés
Pour faire flamber les dollars
Des armoiries du désespoir

Oyez, oyez, mangeurs d'épouvantail
L'armée noire aime les batailles

Bienvenue sous le cagnard de l'armée noire
Bataillons kamikazes du Hazart
Voleurs de temps ces purs pillards
Massacreurs de torche-culs vantards

Oyez, oyez, place nette pour l'armée noire
Etrange confrérie des blanchisseurs d'histoires

Oyez, oyez, un pain en guise de faire-part
Un poing américain dans le fond du miroir




en l'honneur de la naissance de l'Armée Noire

JOUISSIVE IGNORANCE

Les muses sont des êtres aux allures de cyborgs, magiciennes du verbe qu'elles transmutent sans souci autre que de plaire au cosmos qui régente de son auguste regard le balancier effréné des saisons qui remuent sur la plaine où flânent les brises de Mai et les navires corsaires de Surcouf. Pas de fragilité dans le grappin qu'elles lancent sur les formes du vent, pas de fragilité dans leur marbre soyeux et chaud qui ruisselle en fines gouttelettes de sucre dans la mousson qui balaie la poussière, pas de fragilité dans leur inexorable prolificité qui fait jaillir des floraisons de champignons atomiques iridescents et des avoinées de grelots pimpants et carnassiers. La timidité seule empêche certaines formes de jouir de leurs aubades ensorcelées, la timidité étant une moisissure dérivée de la peur, la peur étant elle-même un frisson de plaisir bon marché que s'offrent les pudiques fonctionnaires qui n'osent pas franchir le pas en matière de libération sexuelle, préférant les recettes aux tarifs standardisés à l'accouplement des tiercés gagnants sur l'hippodrome nonchalant que secoue le vent des palmiers.

CARCINOME ECZEMATIQUE

La tour existe toujours à Babel
Il suffit de prêter attention
A la divine comédie
Ecouter les ziggourats et leurs babils
Pour voir cette métastase hallucinée
Telle une forêt de stalactites
Aux colliers de fer et d'acier liquides
Qui projettent leurs semences de dialectes
Vers les confins brumeux
Où s'enlisent les caravelles négrières

STAYING ALIVE

Le présent ne dépend jamais
Du passé
Ni même du futur
Le présent est d'une constance imperturbable
Il regarde défiler
Le pas cadencé des légions d'instants
Qui s'effondrent une à une
Sans que la moindre ridule
Ne vienne oblitérer
Le sourire envenimé de ses yeux

DECLARATION DE FLAMME

Le long des côtes d'éosine
L'orage lèche les plaies des lettrines
Comme un encrier abondant
Dont le toucher s'émeut en argent

D'une hirondelle jaillit la flamme des cantates, poursuivie sans relâche par l'ombre de son harmonie, et dans un trouble fluide, l'aubade se rassoit dans le calme impétueux d'un ouragan de douceur.

Sur les flancs de sel le sucre éblouit
Les rétines brûlées par la joie
D'un alluvion meurtrier
Aux senteurs de réglisse

Le temps se tresse en chevelures de romarin dans la caresse du satin qui émerveille le bout du sein.

L'oxygène empourpré se déshabille
Dans un sanglot liquide
Les cuisses de l'aurore s'ouvrent
Dans un retour d'avalanche
Et la flamme s'élance immobile
Sur la déclaration qui l'enlumine

NATURE NOIRE

Dans la montagne de sucre
Des nains jouent aux dames
Sur le revers des arbres
Des forgerons affutent
Des éclairs et des lances
Sur le souffle des dragons
Des filles de joie dansent
Sur des balcons de torrents
Pendant que le thé vert infuse
Dans le marc de café

LETTRINE DE SOIE

L'écriture blanche
Est un cube de polystyrène
Sur la surface du flot
La couleur de l'écriture
Est celle de la pluie
Qui caresse la mer
Pour se fondre dans l'écume
Epousant amoureusement
Le creux des vagues
Et le rein de chaque lame
Dans un frisson de hanche
Sur le bout de la langue

SANS ACTIVITE FUNERAIRE

La poésie est une artère de napalm qui dévergonde les rizières en élaborant des paganeries sans foi, pas de chrétiens, pas de bouddhistes, pas de musulmans, pas de juifs, des hommes. La poésie est alchimie moléculaire de l'organique sens des merveilles instantanées du caterpillar qui arase les mondes creux, fusion fissionnelle des arômes de sacrilège dans la vénération instinctive du climax, partouze des vitamines sympathiques et des enzymes de combat, fellation insalubre des égoûts morbides de la velléité. La poésie fait bander les impuissants, inonde de cyprine dissolue les frigides hétaïres de la prostitution aux fragrances d'hydromel avarié, émascule les taureaux de l'arène pour ne laisser sur le sable que quelques traces vertes et purulentes, beautés macabres que d'autres danses reprennent avec enthousiasme pour retrouver les chemins de la fugue boréale, velours des croisières sur l'or du Rhin, furtivité des caresses qui s'échangent frauduleusement sous les manteaux de moisissures. La poésie est tout ce qu'on ne trouve pas dans le paquetage des critiques mécaniques qui perlent des grincements de dents sous la roue de la vierge de fer.

DISTORSION DES TENSIONS

Le prix des mots à dire
Porte une valeur
Attribuée arbitrairement

Chacun s'invente un rêve
Sans le reconnaître
Mais tout en le sachant

Le rêve se fige
Dans le béton concret
Des fantasmes propriétaires
Qui assistent impuissants
A sa désagrégation

Les mots pour le dire
Perlent au coin d'un sourire
Il suffit juste d'une étincelle
Pour lancer l'incendie

NAISSANCE DU CHANT

Plus rien à dire
Implique la montée d'un chant
Que des oreilles amusées
Contemplent en souriant
Sans se bercer d'illusions
Plus rien à dire
Tout à raconter
Comme traces de témoignage
Du parfum qui résonne
Dans les couloirs de la mort