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vendredi, 14 mars 2008

INVITATION A LA LUXURE

La poésie n'a nul besoin
D'incitation pour s'épanouir
Elle est déjà pure volupté
D'alphabets irréels
Aux lettres s'inventant en permanence
A la syntaxe délirante
Qui fait se prostituer
Les grammaires de la frigidité
Dans un peep-show sans manière
Où la bandaison pourpre du feu
S'enthousiasme dans le durcissement
D'évanescence des tétons de la mer

LES PREUVES DU TEMPS

Le temps fait son boulot
Il rythme la danse
Sans souci d'appartenance
A autre chose que ce ballet
De merveilles australes
Tatouage de mer sur un nerf optique
Aucun mystère ne subsiste
Aux yeux qui percent le temps
Comme un fût d'hydromel
Pour voir s'échapper l'ombre hilare
Du sourire d'un désert espiègle
Qui déroule ses munificences de velours

L'ALPHABET DU PRESENT

Le présent ne s'occupe pas
Du passage d'une idée fictive
Il est trop occupé à ne rien faire
Dans le resplendir qui l'accable
De la beauté de ces cils
Le présent ne connait pas
Ces concepts savants
Qui appellent mort
Le passage du vent
Dans les bras de la mer

DU BOIS POUR LE FEU

Le feu ne naît pas du bois
Mais le bois naît du feu
Les cendres le disent
A qui les écoute
Dans le vent des aubades
Et les étincelles de son
Il arrive qu'un feu jaillisse
Dans du bois
Non pour la destruction
Interprétation de propriétaire
Mais pour la transformation
Ou la métamorphose

DENREES MINERALES

Les savoirs sont tous périssables
Fruits des langages dits sensés
Tous sauf les camemberts des corbeaux
Qui ne sont pas raisins de la langue
Mais empreintes génétiques
Des formes sans aspect
Qui régulent les marées
Canalisent les vents
Et forgent le feu
Dans un éclat de rire

ECLATS DE SILENCE

Quand passe le souffle poétique
Il sculpte la mer
En suivant des courbes d'angles
Tangentiels ou elliptiques
Dans le mélange aérien
Qui enchante ses papilles
Les fragments complexes
Sont pilés comme autant de grains
De mil diamantifère
Reforgés à partir d'éléments de base
Que l'entrée en atmosphère
Pyrolyse d'émaux flamboyants

PIGMENTS DE SUCRE

D'un strass incolore et ludique
Une main repeint en diagonale
Les dimensions de l'éblouissement
Saupoudrant de germes d'alizé
Les brumes étincelantes de la nuit
Qui se cabre sous la douceur
De l'immobilité qui l'étreint
Dans un halo de candeur
Aux épices de charme
Et au sortilège amoureux

OVERDRIVE 69

L'orage n'a qu'un mode
De rayonnement corporel
L'instantanéité
Les constructions lacustres
Ont toujours du mal
A suivre le rythme
De la vitesse du givre
Dans ses pérégrinations
D'immobilité verdoyante
Hors alambic

A LA SANTE DES P(L)EURS

Légion de tueurs acrobates
Nos phalanges sourient
En observant les eaux tièdes
Remuer dans des gazons factices
Pas un grain de sable
Ne sait épeler
La couleur de la plage
L'ombre du rivage
Le goût de la nitroglycérine
Qui coule dans ces veines

CULTURE

Le signe de Caïn n’apparaîtra pas
sur le soldat qui tire
sur la tête d’un enfant
depuis une colline au dessus de l’enceinte
autour du camp de réfugiés
parce que sous le casque
pour parler en termes conceptuels
sa tête est en carton.
D’autre part,
l’officier a lu The Rebel,
sa tête est illuminée,
à cause de cela il ne croit pas
au signe de Caïn.
Il a passé son temps dans les musées
Et quand il pointe
le fusil vers l’enfant
comme un ambassadeur de Culture,
il met à jour et recycle
les eaux-fortes de Goya
et Guernica





Aaron Shabtai

The Rebel: titre anglais de L'homme Révolté d'Albert Camus

FROTTER LA LAMPE

Tous les poèmes conduisent
A la résidence introuvable
D'où jaillissent les songes

A la porte d'Ishtar
Attend la danse verte
Femme aux couteaux
Du curare plein les yeux

Toutes les questions s'épuisent
Dans les lieux perdus
Confins du désert muet
Où l'arc-en-ciel prend sa source
D'où fulgurent des vers de lapis-lazuli

SILVER TRAIL

Rien d'improbable dans l'impossible
Le fil d'incandescence
Sourit le long de sa route enneigée
Parsemant d'indices invisibles
Les sécrétions d'intuition
Rien d'impossible dans le probable
Et l'improbable de tous les possibles
Mouvance des paysages
Stabilité de l'horizon
Que les yeux tracent à l'envers

jeudi, 13 mars 2008

L'INJUSTICE ROSSEE

A l'école du réel
Les enfants sérieux
Agitent des idées fictives
Que le vent pourpre
Découvre avec amusement
Au fond des lagunes

Les nuits de mai
Postulent d'un air grave
Que pulsions animales et névrotiques
Portent le doux nom de désir
Incapables de voir l'agitation
Qui s'auto-justifie

La passion est toujours homicide
Il suffit d'un brin d'étymologie
Pour dévoiler le pot aux roses
Paix aux philosophes de bonne volonté
Auto-condamnés aux galères et bagnes
Pour des déraisons inconnues

TUYAU D'ARTISTE

L'eau mute en permanence
Mais son odeur n'est pas reproductible
Toujours même
A chaque fois différente
Mirage des arômes renouvelés
A l'oxyde de carbone
Ou au pamplemousse bifluoré
Dans l'écumoire définitive
Le siphon laisse exhaler
Toutes les fragrances divergentes
Du métissage fabuleux
De l'élucubration stérile et féconde

ETRANGES FAUNES

Il y a partout des demi-dieux
Population des nuits chaudes
Tropicalité aux arômes noirs
Chassant le Highlander
Pour quelques gouttes d'immortalité
Ils glissent sur la saveur
Dont les fleurs boréales parsèment
Les faubourgs prodigieux
Des villes de solitude
Couronnant la Place de Grève

PERLE D'ARÔME

Il n'est rien à éluder
Qui ne le soit déjà
Dans le printemps qui fleurit
A chaque instant
L'exigence est souvent
Un sarment d'arrogance
Qui oublie que l'offrande
Nécessite un contre-don
Et non un vouloir en partage
Pour endosser un contrepoids

NUITS BLANCHES DE L'ERRANCE

Au pays des distraits
Chacune choisit ses pèlerinages
Ou ses shoppings

Dans les confiseries
Grand choix de sucreries
A l'alchimie peu réjouissante

Dans les nuits noires de l'aventure
L'immobile et solitaire
Vibre à chaque méandre
Des voyages sans filet
Pour porter les bagages
Ou attraper les papillons

PURE PHEROMONE INCOLORE

Jamais ne s'embaume le vertige
Que dans les idées errantes
Qui croient en la saveur
Mordorée du plusieurs
Les équilibristes du fil à plomb
Ne se soucient pas des torrents
Dont le rêve approvisionne
Les velléités fragiles
Qui promènent leurs chaloupes
Sur l'haleine des dragons

ALIBI DEFRAGMENTAIRE

Dans un étirement souple
Le vent dévoile l'ombre
Qui se meut langoureusement
Un filet perle aux lèvres
Un souffle azur et ivoire
Lèche les dorsales d'une colline
Aux arômes de nocturne
Sur une plaine polonaise
Les poutres d'une auberge
Craquent sous le toucher de braise
D'un éclair ludique
Qui se joue des persiennes
Pour aller caresser des fibres
Dont l'arôme écartèle les eaux
Dans le calme des lasers verts
Ebauchent une sculpture aquatique
Dessinant au pourtour des échancrures
Des frissons de nacre et corail
Le temps vire à l'ondée
Des flétrissures de joie parcourent
Les blés durs qui se courbent
Sous leur propre souffle
Quatre versants d'un éperon rocheux
Luisent au soleil
Laissant échapper des traces de soupirs
Un bouton de rose se met à éclore
Pendant que l'averse s'envenime
Sous un climat qui halète
Des frémissements émouvants
Le vent émonde la rosée
D'une aile aux doigts délicats
Tandis qu'une ligne chaude
Dessine à l'encre pourpre
Une ouverture qui s'agrandit
Dans une clairière inondée
Par les sarments de pluie
Qui embaument de jasmin
Des confins noctambules
Un étang sent le trouble
Parcourir sa surface
Et accueille avec joie
L'accalmie printanière
Qui enlace son soupir
D'un sourire tendre
Comme le regard d'un instant sans souci

BAISER ET SOURIRE

Quelle importance que les chemins
Que les pas dessinent
Au bon vouloir d'une femme
Au sein de nuit et diamant
Empourprées par la rosée
Des baisers de santal
Sous les baisers un sourire
Veille délicatement
Sur la plaine aux ajoncs
Que caresse le vent

VERSANT FLUIDE

Les nuits sans sommeil
Sont propices moments
Pour la cueillette des perce-neige
Au printemps des arômes
Quand l'été a brûlé
Les nuits qui suivent la lune
S'offrent des voyages
De contrebande supralégale
Injection sans fioritures
De vitamines de décroissance

MAREE BASSE

L'enfant du désert
Aime la peau de la nuit
Qui porte des chants à ses lèvres
Pour enluminer les crépuscules
Qui s'ébattent au lointain
Il marche sur les pierres
Un sourire rafraîchissant au coeur
Jusqu'à la ronde elfique
Qui trône sous ses pieds
Et envahit doucement ses paroles

DEPOUSSIERER LE REGARD

La haine n'est pas la haine
La haine résulte d'un jugement
Prononcé par qui croit la voir
La haine est une teinte intérieure
Une subjectivité déguisée
L'appropriation d'une balance
Qui pèse le vent pour rien
Dans l'orbite d'un son intégral
Il n'est plus que mouvements
Dénués de caractéristiques
Fantaisistes et d'aromates
Projetés dans le vide

LA LANCE ET LE BOUCLIER

Où sont les épées et les glaives
Demandent les forgerons
Où sont les dagues et les kriss
Où sont les poignards et le sang

Une Walkyrie ne refuse jamais
Un duel à l'arme blanche
Quand le sang de la frémissante
Parcourt les veines du vivant

Où sont les haches
De l'innocence à genoux
Fracassant les nuages de vent
Où est le marteau de Thor

Les nains de la montagne
Forgent les arômes des arcs-en-ciel
Pour les flammes des combats
Et la moitié des guerriers

RENDRE AU TALENT

Tous les numismates
Savent bien ce qui se trouve
Au revers du talent
Sur lequel apparait
Le profil de l'auguste
Empereur ou clown
Peu importe en fait
Pacifiste ou guerrier
Peu importe également
Ici règne un ordre d'harmonie

LE GRAIN DES LARMES

Sous les traces de pluie
Les larmes sont pourpres
Qui ruissellent en suspension
D'arômes elliptiques et sereins
Sur les noms parcheminés
Effaçant les consonnes
Pour que rayonne incognito
Une symphonie de voyelles
Monogame et volage
Comme un sarment d'hirondelle

FROM TEA TO SAHARA

Quand les yeux sombres
Font un pas en arrière
Ils peuvent apercevoir
La mer qui ruisselle
Sur les parois d'obsidienne
De leurs Ray Ban
Au milieu des brumes pourpres
Du soleil couchant
Et des alluvions sensoriels
Qui bordent le désert

EQUINOXALE

Une écharpe de sortilèges
Passe la main sur un piano droit
Effleurant les touches blanches
D'un doigt mutin
Un filet de grenadine
S'empourpre dans le venin
La forêt s'écarte en offrande
Tandis que des brumes sylphides
Egaient le derme de la terre
Un frisson d'incendie ébrêche
La pudeur des conventions
Pour laisser transpirer
Des partition inédites
Dans la respiration du petit matin
La mer ouvre son peignoir
Et le vent caresse les chevelures
Pendant que gouttent des nectars
Dans le creux des criques embuées
La houle s'ébat dans le parfum
Cambrant la surface des vagues
Des rochers s'illuminent sous la caresse
Et un sirop de sucre traverse
Un soubresaut ému
Qui délivre dans un sourire
Un torrent d'émulsions ruisselantes
Comme une fièvre boréale
Aux couleurs de myriades
Les yeux de l'aube se closent
Laissant soupirer l'arôme
La marée s'écoule dans un souffle
Le temps se repose ailleurs

AXIOME VERT

Il est des lieux hors espace
Que la foudre passe un temps absent
A inhabiter
Irradiant la douceur
Sur des fragrances de confluents
Il est des temps non chronométrables
Sur lesquels germent
Des parfums résorbés
Sursauts d'optique fractale
Dans le sens de l'instantané

POSER LE REGARD

Il en va des fins
Comme des aspects
Il est d'ailleurs différentes fins
Il y a celle que chante The End
Etat ordinaire de l'oubli
Absence programmée dès le début
La fin comme un commencement
En quelque sorte
Toutes les autres fins
Ne sont d'ailleurs que commencements
Transformés par des effluves alambiquées
En stations terminales
Sans preuve ni autre forme de procès
Une bride à l'imagination
Qui voit que ces fins
Ne sont que des préludes
Les chrysalides de sanguinaires papillons
La fin n'a de déprimant
Que le regard que porte sur elle
Le sortilège appelée peur

mercredi, 12 mars 2008

SHELTERING SKY

Le tombeau sans enluminures
De l'auteur du funambule
Brille au centre de Tanger-La-Nouvelle
Irradiant de ses effluves mordorées
Les surfers qui dansent le samâa
Sur les braises orangées
Des crépuscules de poudreuse
Les nuits sans lune
Son arôme de genièvre
Retentit sur les plantations d'hibiscus
Recréant l'espace d'un instant vert
L'étincelle démoirée
Du tout premier climax
Dans un festival émulsifiant
De rotondités minérales

TROPIQUE DU SUD OUEST

L'ondulation sans effort
Remonte le long des berges de l'Amazone
Humant le parfum des confluents
Dans la coriandre des rêves
Un soupçon de brise
Tapisse les gorges du Rio Verde
Une alvéole se dévoile
Dans les parages d'un bouton d'or
Un vent d'été prend les collines par surprise
Caressant de la voix les épaules
D'une éminence de douceur
La nuit tombe sur les genoux de la brume
Tandis qu'un frisson émouvant
Se déploie sur le pourtour d'une terre
A l'arôme noisette
De fins torrents descendent
Le long des montagnes troglodytes
Eau tiède dont la vapeur
Réchauffe les parois ensommeillées
Quelques bourrasques tropicales
Font leur apparition
Tandis que la rivière s'émancipe
Sous les pans d'alizé
Qui dévergondent le paysage
A l'échancrure de la forêt
Une clairière abonde en microspores
Qui enthousiasment le parfum
D'une pluie qui ruisselle
Sur des marbres durcis
Les palétuviers ressentent
La montée des torrents
Les champs plient et se soulèvent
Sous les précipitations de chaleur
La température s'exaspère et rompt
Quand l'orage libère sa saveur
Dans un déchirement humide
Qui constelle d'éclats
Un ciel radieux de novembre

TRAMWAYS

Pas de trame
Qui ne se détrame dans l'instant
Pour se retramer l'instant suivant
Sous une forme différente
Dans une constance
De changement permanent
Le lot des fontaines
Où l'eau se module
Comme le cobra sous la mélodie
Du charmeur dont la flûte
Réinvente le désert

PAROLE

Pur sarment d'oxygène
Pal qui incendie les viscères
Réincarnation permanente
Transmutation sans objet
Délice qui sursature l'atmosphère
Corrosion qui vaporise des embruns
Salto de velours
Myriade unitaire
Charme et sortilège
Ouverture des hémisphères
Découverte à chaque aurore
Comme un parfum d'arc-en-ciel

HORRIBLES FLAMMES

Aucun geste n'est volé
Dans l'immobilité de la danse
Qui consume d'incandescence
Les amateurs de folie
Incendies sans frontières
La gardienne du feu veille
Et alimente les bûchers
Sur lesquels flottent
Des étendards anonymes
Aux emblèmes de soie

PAS UNE RIDE

La mer sourit
Quand l'étiquette d'un pavé
Effleure le bord de l'écume
Pour couler au fond du marigot
Des idées reçues
Comme des fictions d'avant-garde
La mer n'a nul besoin d'excuser
La gracieuseté des noyés
Qui flottent dans les eaux
Périphériques des orbites lunaires
Constellant le sable
De larmes incolores

FUNAMBULISME INTEGRAL

Les femmes sont toujours les premières
A fuir Tanger-La-Vieille
Quand elles constatent l'étendue
Offerte aux plaisirs du shopping
Et aux onguents et fards
La ville ne supporte en son sein
Que les joueurs invétérés
Toxicomanes du vertige
Ayant depuis longtemps
Renoncé aux joies sécuritaires

FAIRE-PART SANS OBJET

Le lotus respire
Sans se soucier d'annoncer
Sa disparition à la vase
Qui n'est que terreau propice
A l'émergence d'un résidu sec
Qu'importe la disparition du lotus
A la vase qui végète
Dans la torpeur de son cinéma
Ecoutant les coassements de l'eau
Qui engourdissent ses oreilles

TANJA HOWL

Quand Tanger quitte le port
Le glas sonne pour le juif errant
Qui se rappelle que double est la circoncision
Des trompettes mexicaines arment un mariachi
Pour dire une messe à l'âme espagnole
La rue devient enfin arabe
Par la magie de Rumi et Gibran
Les patois babéliens élèvent des sourires narquois
Aux lèvres cendrées d'une femme
Dont la danse de feu
Exécute dans ses arabesques
Un hommage à Samuel Beckett

SORTIR DES TATOUAGES

Dans l'ombre des nuits
Tous les métissages sont nègres
Qui finissent en gris
Couleur d'apocalypses
Aux reflets arc-en-ciel
Ultime station avant l'ultime shoot
Adrénaline mâtinée d'harmonie
Collapsus de fragrances
Dans le minéral intégral
A l'atelier du fondeur

ECLOSION

L'artiste éclot à la nuit
Perce-neige qui séduit le printemps
Peu importe l'avis de la poussière
Dans la clarté de son chant
Qui bâtit des mirages
Au fronton des cathédrales oxydées
L'artiste éclot comme une étoile
Un parterre de renoncules
Sur le flot de la mer
L'envie d'un sourire arc-en-ciel
Sur les lèvres d'une femme
Assise devant la beauté

DIAMANT EN QUINCONCE

Requinqué comme une main
Cinq doigts immobiles
Comme les sens

Requinqué sans jamais
Avoir oublié ce seul instant
Où naissent et meurent
Toutes les galaxies

Requinqué comme démoli
Expurgé des formes délétères
Pure molécule d'insouciance

INCARNER

Il n'y a rien à transmettre
Pour celle qui resplendit
En dehors de la peur

Il n'y a rien à transmettre
Il suffit juste de rayonner
Le virus est particulièrement contagieux

D'autant plus contagieux
Que toutes les barricades
Sont autant de porteurs sains
Qui s'ignorent

TANT D'AMOUR

Les mots trahissent celui
Qui ne veut pas voir leur contenu
Comme le fruit de l'imagination
Il rêve
Le rêve se termine
Il se réveille
Pas de quoi se plaindre
Pas de quoi être accablé
Retour à la case joie
Retour à l'amour
Qui ne cesse jamais de luire
Pendant les absences

PAYS DES ETIQUETTES

Dans les méandres de mécaniques périmées, recyclées sous des guenilles appelées modernité, les dieux de la critique en tous genres établissent des normes, collent des étiquettes et archivent des traces d'écume moribondes portées par le vent saumâtre des embruns de l'esclavage mental. Examinant de leurs yeux impuissants de calamars les bonds des dauphins dans l'oxygène raréfié des myriades d'arc-en-ciel, ils tiennent les registres des mines de plomb, comptant des lingots de conventions, d'avant-garde bien entendu, comme il sied à tout ce pataquès progressiste dont l'immanence laisse sourire les charognards de passage qui continuent d'épouiller les derniers lambeaux de viande avariée pendant au revers de leurs boutonnières.Des normes, encore des normes, toujours des normes, la triste réalité des champs où le coton pourrit sur pied, dévoré par les pastilles d'extasy à l'hormone de croissance anxiogène. L'ignorance pourpre meurt de rire à la lecture des colonnes de fumée qui s'élèvent au Sud de la poussière, vaguelettes de déraison qui se maculent de concepts insipides parfumés à l'éosine de synthèse, barbotages de canards devenus émeus, palanquins de larmes dont les sondes mesurent à peine le taux d'endorphines du climax solitaire, pas une once de célébration dans ces odes à la morbidité sans fin des intoxiquées du bulbe rachidien. De l'autre côté de la nuit, des faunes lubriques glissent sur la soie des velléités temporales, exhibant des appendices charnus en guise de plumes de sortilège, libérant dans l'atmosphère le parfum cryogénique des transmutations de la framboise tectonique, taggant de leur urine au pamplemousse les murs aromatisés à l'absence de gingembre. L'espace d'un toucher au goût de stupre supersonique, un sourire s'ébauche en fil à plomb, la mer entrouvre son peignoir, quelle salope, et s'en va vaquer à d'autres orgasmes plus excitants que ces paluchages de reclus volontaires.

L'ODYSSEE DE L'AEROSOL

Le centre de la cible
Comme une mine anti-personnel
Qui mange du sniper
Tous les matins d'hiver
Dans un bol de céréales
Qui valsent en flocons
D'ergots de seigle
Sous les lumières artificielles
D'un soleil de plomb
Que la nuit ajoure de rivières
De perles et diamants

ETAT DE CORPS

Encore la nuit pour entendre les écluses
me battre aux tempes, crier haro sur la paix molle
des tendons inutiles, pendant que s'avachit
la mer avec des rots d'abysse et des dieux
en rut qui courent par toutes mes oreilles.
La nuit toujours comme un silence peuplé
de groins véloces, de mandibules au bord
des plaies, avec les mousses qui suintent,
l'éventail pileux et les griffes torses profondément
amies du pus promis à se perpétuer.
Un tas de viande à mouches, diamants fêlés
et chats ricanants contre la peur foreuse
d'énigmes, un tas qui se détache doigt
parmi les bagues, orbites ensanglantées
que zèbrent, fibres mortes, torsades de lune
et filets d'ego pralin liquide excrémentiel.
Calme la nuit au cou meurtri sur la ouate
dans le giclement des rêves crasseux
que lâchent ses blessures. Lui déchirant
l'ombilic, un avion s'échappe de la morgue
et se pose sur le bord de la nuit --
la nuit des gommes symboliques où, mythes,
les baisers gratuits aspirent les paupières
et chassent les guenilles autour des enfants-crapauds
à la face cloquée. Dans un croassement
de meubles d'autres cavaliers s'effondrent
et de méchantes machines se penchent
sur l'horreur pour piétiner le sourire dansant
des araignées. Car il en est ainsi, il en est
toujours ainsi quand les acides du temps
écrivent à coups de vomissures marron
la maigreur de la joie et les pénibles pâleurs
des noms ivres de ce qui ne peut
que meurtrir.



auteur: P.C.

PALAVRAS DA NOITE

Les paroles sont des fragrances
D'un parfum qui revitalise
Les mémoires atrophiées
Sémaphores qui enchantent la mer
Et bercent les tempêtes
De ses rêves
Les paroles du chant
S'écrivent sur le front du vent
Et quelquefois il est des marins
Pour suivre leur traces mordorées
Et mettre la mer en carafe
Dans un regard de printemps

SKIER EN PALESTINE

A chaque combat avec l'ange
Jacob emporte la décision
Jusqu'à ce qu'il finisse
Par voir l'inanité de ces batailles
Et se mette en quête de l'échelle
Comment surfer sur les barreaux
Est tout l'enjeu de la glisse
Sur les strates de poudreuse
Qui recouvrent le regard
Des lunettes du soleil

SOUS L'HERBE

Des tendons de lune
Soutiennent l'ossature du cristal
Sur laquelle circule
Le sang du venin froid
Qui caresse de son aura
La danse des hanches
Que d'affriolantes étoiles propagent
En taggant les murs de satin
Aux armoiries des skaters boréaux
Bombant de pourpre et vert
Les barbelés des check-points
Et les tranchées de poussière